Well sud love

(Texte publié dans le journal La Tribune, septembre 2018 et lu au conseil municipal de Sherbrooke)

Aux élu.e.s du conseil municipal,

Dans quelques semaines, ça fera un an qu’Anh Minh Truong et moi tournons le projet documentaire « Sur la Well ». Près de douze mois qu’on filme des entrevues, des performances, des scènes de rue et de vie, qu’on suit le paysage de la Wellington sud qui se transforme au gré des saisons, au gré des événements, au gré des gens qui l’habitent et qui la font vibrer.

Après tout ce temps, je l’aime moi la well sud telle qu’elle est. Bien sûr, je reconnais qu’elle manque d’amour. Oui, c’est un peu glauque les espaces vacants, les immeubles désertés, les fenêtres placardées et les dalles toutes croches. Mais c’est par des petites choses et des initiatives citoyennes qu’on a pu voir au cours de la dernière année son potentiel créateur et rassembleur. Qu’on a pu ressentir son âme singulière qui la distingue de la Well nord. Je pense au parc éphémère, aux oeuvres sur les gros pots de fleurs, à l’Hôtel de la poésie et à la Fête de la Well. Est pas pareille la Well sud. Elle a ses propres histoires.

La well sud, c’est beaucoup plus que des statistiques socio-démographiques. Les gens qui l’habitent ne sont pas des problèmes sociaux. Sur cette rue emblématique, il y a du monde qui s’aime, qui s’entraide et qui s’engueule parfois. Dans cette faune humaine, il y a des familles, des vieux garçons, des retraité.e.s, des étudiant.e.s, des punks, des artistes, des chômeurs et des entrepreneurs. Il y a aussi des commerces qui se tiennent debout depuis des décennies, des services communautaires essentiels et des lieux culturels formidables! Bref, sur la well sud, il y a de la vie! Ce lieu n’est pas dévitalisé. C’est un espace vital qui bat au rythme de sa population. Chaque quartier a son beat.

Vendredi, sur la scène du parc éphémère, notre équipe tournait un vox-pop intitulé « Rêve-moi la well ». Je me suis rendue compte ce jour-là que celles et ceux qui habitent la well sud, ils-elles ne la rêvent pas autrement. Juste un peu plus verte. Un peu plus animée. Avec un peu plus de monde. That’s it.

J’ai aussi réalisé que ce dont je rêvais pour la well sud, c’est simplement que le regard extérieur porté sur elle change, qu’on apprenne à l’aimer pour ce qu’elle est. Tsé, qu’on la regarde avec du gros love dans le coeur.

Le 8 novembre, ce sera la fermeture des appels de projets. Nous, on va continuer de filmer l’histoire de la rue Wellington sud. En tant que cinéaste, j’aimerais avoir une belle histoire à raconter sur grand écran.  J’aimerais que vous, les élu.e.s, participiez à écrire un scénario avec un happy ending pour les gens qui habitent la well sud à l’heure où je vous écris. Mon plus grand souhait: que ceux et celles qui l’habitent puissent y jouer un rôle principal plutôt que secondaire.

Marie-Claude Paradis-Vigneault, réalisatrice du documentaire Sur la well 

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